Tuesday, May 24, 2011

Vie de meuf

Je suis tombée sur le lien pour ce blog (Vie de meuf) en lisant un article sur DSK (

L'affaire DSK révèle-t-elle le sexisme de la société française ?). Sur VieDeMeuf, on peut lire des témoignages du genre : 


Minimeuf

Ma fille de 9 ans passe la semaine au centre de loisirs qui organise une chasse au trésor.
Trésor des garçons : pistolets à eau ; pour les filles : bulles de savon.
Ce choix a été fait par une organisation et un accompagnement exclusivement féminin
mais apparemment, ma femme et moi sommes les seuls à avoir trouvé cela discriminatoire, sexiste et inéquitable.
Les garçons sont des soldats, les filles des princesses, point ! Vie de mini meuf !
#viedemeuf

Christophe

Venez comme vous êtes

Il y a quelques temps dans un célèbre fast food,
je commande un coca.
Tandis que mon meilleur ami commande un coca light.
Devinez à qui la serveuse a tendu le gobelet de soda allégé?
En tant que femme, je suis forcément au régime, c'est ça ?
#viedemeuf
Violaine

MecanicienNE

Au salon nautique avec mes parents.
Un démonstrateur propose à mon père de lui montrer le "gros moteur" d'un beau bateau.
Il a eu beaucoup de mal à répondre à toutes les questions techniques de ma mère, mécanicienne de marine.
Mon père est moi, on a passé le temps en essayant les coussins et en commentant les rideaux.
#viedemeuf

Anne

Et enfin:

Galanterie.

La semaine dernière, je sors de la station de train à Montparnasse (pour ceux qui connaissent...).
Ayant passé le tourniquet, le type devant moi lâche la porte, se retourne, me jette un gracieux 'oh excusez-moi mademoiselle', rouvre la porte et la tient le temps que je passe... j'aurais été un mec, je me la prenais en pleine face, et bizarrement, j'aurais préféré!
La galanterie n'est-elle pas une forme déguisée de mépris?
#viedemeuf

Clélia

J'ai moi-même pas mal d'expériences qui vont dans ce sens là. Quand j'étais petite, avec les menus enfants dans les restaurants il y avait parfois des jouets, toujours différents pour les filles et pour les garçons: la plupart du temps les jouets pour filles ne m'intéressaient pas donc je demandais à ma mère de demander un jouet pour garçon. Bon; sinon je ne suis pas encore salariée donc je n'ai pas vraiment eu de problèmes au travail, ni à l'école je pense, en y réfléchissant. Mais par mes intérêts, et mes passe-temps j'évolue pas mal dans des milieux d'hommes : je joue de la batterie, l'été je travaille dans des chantiers internationaux de bénévoles. Pour la batterie j'ai souvent eu des regards surpris quand je venais demander une clé pour l'accorder (ouep ça s'accorde une batterie), ou juste quand on voyait que je portais des cymbales. Surtout que dans mon groupe il y avait 3 mecs un peu grands, et moi je suis plutôt petite, le contraste était drôle. La réaction que je produisais n'était pas vraiment négative, plus de la surprise qu'autre chose. Pour les chantiers, c'était différent: il y a le facteur de la force physique qui rentre en jeu. Souvent, le chef de chantier devait diviser le groupe de bénévoles selon les travaux à faire, et il y avait parfois le groupe des garçons où le travail était plus intense, disons, ou juste plus difficile. Et drôlement plus intéressant aussi. Donc je me portais volontaire pour ces travaux là, et peu à peu je me faisais accepter par le chef de chantier qui me prenait un peu sous son aile.
Dans les deux cas, c'est bien en tant que femme dans un milieu d'homme que je me faisais accepter, et (plutôt pour le chantier) en tant que femme avec des capacités qui surpassent l'idée que les hommes s'en faisaient, donc à la base les capacités sont pas faramineuses.
Jpense que pour le moment c'est difficile de se démarquer autrement.
Je trouve que ça va avec le dernier témoignage, celui sur la galanterie: il y a cette idée de femme vulnérable qu'il faut traiter d'une façon particulière. Enfin, peut-être que je me trompe, peut-être que ce n'est pas ça la galanterie. Mais il y a bien l'idée d'un traitement spécial pour les femmes; et puis si on lutte pour une égalité des sexes, il ne peut pas y avoir de traitement spécial, ni pour les hommes, ni pour les femmes. 
Je me sens un peu traîtresse de ce point de vue, parce que ça ne me déplaît pas qu'un homme me tienne la porte, ou autre.
Là j'ai laissé un peu pousser mes cheveux, et c'est l'été donc je porte moins de couches de vêtements et ma poitrine se voit pas mal. En hiver par contre, niveau vêtements ça ne saute pas aux yeux que je suis une femme, et puis si je me fais couper les cheveux c'est la fin: j'ai droit à plein de "Bonjour Monsieur" ou de "Bonjour messieurs dames" quand je me ballade avec des amies ou les femmes de ma famille. Et je vous assure, on ne me traite pas de la même manière. Je n'ai pas eu l'impression d'être plus privilégiée, mais j'ai eu le sentiment qu'on m'appréhendait avec moins de bienveillance.
Parce qu'une femme, c'est inoffensif, non?


Sunday, May 22, 2011

Straight Edge

Je viens de surfer sur des Tumblr, et de liens en liens je suis tombée sur un blog assez beau, mais triste aussi. Je le laisse ouvert dans un onglet même si je ne le regarde pas, parce que j'aime bien la musique du site. Pour qu'on sache de quoi je parle, le voilà. Je le trouve triste parce qu'il me renvoie à un moment de ma vie où j'étais mal, ou à un moment de ma vie ou des gens que j'aimais allaient mal. Des cordes sensibles.
Il parle un peu de drogues, d'addiction, d'obsession de la maigreur, de déprime (plus que de la déprime), d'auto-destruction en général.

Quand j'étais adolescente il y a eu la période où mes amis et moi avons commencé à boire. Puis à fumer. A se trasher quoi, parce que ça nous faisait rire, parce que ça nous désinhibait, parce qu'à une fête il y avait forcément de quoi se désinhiber. C'était pas marrant sinon. Et j'ai fait tellement de conneries, j'ai eu plein de regrets, et je me suis faite vomir avec tout cet alcool, j'ai eu des crises d'angoisses à cause des pétards, j'ai eu des crises de larmes aussi. Parfois c'était très drôle, mais d'autres fois c'était juste mauvais. Puis moi j'ai été mal et une amie à moi était encore plus mal que moi; je me souviens de soirées où mes amis et moi la surveillaient à tour de rôle, parce qu'elle voulait se couper.
Je savais que j'avais un fond triste et que l'alcool/la drogue ça le faisait parfois remonter à la surface, et puis je regrettais après. Et puis même sans être triste ou angoissée, parfois je faisais juste des choses que je regrettais après, comme mes premières fois qui étaient extrêmement alcoolisées. Ça m'a donné envie d'arrêter de boire, et de fumer. J'ai eu des périodes, mais en général j'y revenais, puis j'ai réussi à apprendre à connaître mes limites. Il y avait toujours quelque chose qui me tracassait, une peur de la perte de contrôle de moi-même. J'étais pas super à l'aise quoi.

Puis l'année dernière, mon ancien meilleur ami m'a appelée en pleurs pour m'annoncer que l'amie à moi qui était  encore plus mal que moi pendant l'adolescence était morte. Elle avait passé une soirée super arrosée, puis était rentrée chez elle et avait pris des somnifères pour dormir, parce qu'elle n'était pas bien depuis un moment. Puis du coup, quand elle a vomit dans son sommeil elle ne s'est pas réveillée, et elle s'est étouffée.

Pas joli comme mort. Complètement débile, comme mort. 


Ça m'a faite réfléchir, et ça m'a fait peur. J'ai peur de voir mes proches perdre le contrôle d'eux-même, j'ai peur qu'un accident arrive, j'ai peur que quelqu'un prenne avantage d'eux dans cet état. Je me suis demandée si je voulais pas devenir straight edge : "I don't smoke, Don't drink, Don't fuck, At least I can fucking think" (Minor ThreatOut of Step). Au final non, jpense pas que la solution ce soit dans une radicalité pareille. Je vais continuer à connaître mes limites, mes vulnérabilités, et j'ai pas mal de boulot à faire pour arrêter d'avoir peur pour mes proches.
Je préfère chercher en moi des manières de comprendre les choses, de m'amuser en étant la personne que je connais et dont je suis fière. Jsuis méfiante vis-à-vis des substances qui me changent. J'ai pas envie d'être drôle seulement quand je bois, j'ai pas envie d'être zen seulement grâce à une clope, j'ai envie d'arriver à ça par moi-même. 

Saturday, May 21, 2011

Porter la jupe

L'autre jour j'ai regardé un documentaire Arte sur l'histoire récente de la jupe. Par histoire récente j'entends XIXe jusqu'à aujourd'hui. Comme quoi les féministes s'étaient battues pour avoir le droit de porter le pantalon, et qu'aujourd'hui les féministes se battent pour pouvoir porter la jupe.
Éclaircissements: il y a une loi (La loi du 26 Brumaire an IX de la République, de 1791) qui stipule que les femmes n'ont pas le droit de porter le pantalon, que si une femme veut porter le pantalon, elle doit aller à la préfecture de police et demander une permission de travestissement. Et puis ce permis était délivré pour des raisons de santé, essentiellement. Ce qui est dingue c'est qu'elle existe toujours cette loi. Bref.
Dans le documentaire une femme (importante qui avait surement un nom que j'aurais dû retenir) disait que la jupe  existait pour permettre un accès immédiat et constant au sexe de la femme. 


Il y avait aussi des collégiennes interviewées qui disaient qu'elles ne pouvaient plus porter de jupe parce qu'elles se faisaient insulter de putes, de salopes; les collégiens eux disaient que les filles qui portent des jupes sont provocantes et savent qu'elles excitent les garçons, et qu'en gros, elles en veulent quoi, donc si elles se font violer  faut pas déconner, elles l'ont cherché quand même.


J'ai été un peu horrifiée par tout ça. C'est pas possible. Déjà c'est pas possible que les gamins, la génération future puisse penser comme ça. Il y a deux problèmes. 
Le premier, c'est qu'une femme ne puisse pas exprimer sa féminité sans qu'on pense que cette féminité porte en elle une affirmation de disponibilité sexuelle immédiate. On peut vouloir être jolie sans vouloir coucher, on peut vouloir être jolie pour soi-même, parce qu'on se sent sûre de soi en mettant son corps en valeur; on peut vouloir être jolie pour quelqu'un d'autre aussi, quelqu'un en particulier; puis on peut vouloir être jolie pour les autres. Dans tous les cas, je trouve ça un peu simpliste de penser que puisqu'on se fait belle on n'est une chaudasse avec la fouf en feu. (Julia, comment tu parles?!)(bah comme les collégiens, et pas mal d'hommes en  général)(en fait nan, ce n'est pas ces mots là qui sont utilisés, mais bon)
Le deuxième, c'est que sous réserve de cette idée de disponibilité sexuelle, ce soit normal que n'importe qui puisse en prendre avantage, de façon consentie ou non. Ça appartient à qui un corps, au juste? Et qui peut affirmer qu'il sait mieux ce que pense quelqu'un que la personne elle-même?


C'est un peu compliqué aujourd'hui. Les femmes sont hyper-sexualisées dans les médias, puis ya toutes ces catégories d'images de corps acceptables dans lesquelles il faut rentrer. Parce que d'après les magazines, la télé, les stars, la pub un corps de femme potelé, c'est pas attirant. Je parle même pas des grosses. Des seins asymétriques? Horreur. Des seins trop petits? C'est pas féminin, faut des gros seins pour être une vraie femme. Des dents pas parfaitement alignées? Moche. De la cellulite? Mais elle fait pas de sport, elle prend pas soin d'elle, elle peut pas aller se faire faire un palper-rouler-drainage lymphatique? C'est vraiment dégueulasse. Elle a des poils? C'est sale, c'est pas féminin du tout, elle a pas envie de plaire. Elle est pas épilée intégralement ? C'est super sale, qui voudrait toucher ça? Puis on n'est pas des hommes des cavernes quoi. Elle se maquille pas? Elle fait pas d'efforts. 
C'est pas super étonnant qu'il y ait des tas de femmes pas bien dans leurs corps. C'est vraiment dommage. Une femme sûre d'elle ya rien de plus sexy. Vraiment.
Ma copine et moi on fait l'amour la lumière allumée. J'aime la regarder, elle est sublime. Absolument sublime. Et elle me trouve magnifique aussi. Pourtant je suis pas une fille des magazines. Pourtant j'ai pas les dents alignées, pas les seins de la même taille, jsuis pas fine et j'ai des capitons (mot sale). Puis quand je me tords, bah j'ai des plis. Ouep. J'ai aussi de beaux yeux, une belle poitrine, un joli ventre, un beau visage, de grains de beauté stratégiquement placés, de belles formes, des muscles. Il ne s'agit pas seulement de profiter des points forts, mais d'accepter ce qu'on pense être ses points faibles. Ça m'a pris un moment de comprendre des choses, mais j'y suis, je me sens bien dans mon corps, surtout dans sa nudité. Le style vestimentaire c'est encore autre chose. Je sais que mon poids est stable depuis quelques années, et que je devrais vraiment changer toutes mes habitudes pour modifier mon métabolisme et mon poids. Je n'en ai pas envie. 



J'aimerais bien que ce qui soit promu dans les médias ce soit la véritable diversité de formes existante, et des femmes de toutes formes et de toutes tailles qui aiment leur corps. Pas une image comme maintenant d'un dictat de la silhouette, et de mépriser ce qui s'en éloigne.

J'aimerais bien aussi que ce soit reconnu qu'un corps n'appartient qu'à soi. Qu'on a aucun droit, aucun privilège sur le corps d'autres personnes. Que violer ou profiter du corps de quelqu'un ce n'est jamais justifié. 

Monday, May 16, 2011

1 an plus tard



Ça m'est tombé dessus. C'était comme une tension qui s'accumulait subrepticement, sur mes épaules, dans mes veines, je me sentais lourde. Léa m'y a poussée, tendrement. Peut-être que je devrais y aller aujourd'hui, peut-être que je ne devrais plus attendre. J'en avais parlé mais je ne trouvais pas le courage. Puis je me suis laissée porter.
J'y ai marché sous la pluie. Le tram n'arrivait pas et ce n'était qu'à trois arrêts. Comme pour la crémation je portais ma veste en cuir qui se trouvait de nouveau mitraillée de gouttes d'eau.
J'ai fait le tour du cimetière à la recherche de la pelouse où sont éparpillées les cendres, sans succès: il y avait deux groupes d'écoliers qui visitaient avec leurs plans à la main, qui regardaient les noms des défunts avec une curiosité gourmande et candide. Je les avais croisé une fois lors de ma recherche infructueuse, après laquelle je suis allée demander au "bureau". Une employée babillait bruyamment avec un de ses collègues quand je suis entrée. J'ai maladroitement demandé où se trouvait cette pelouse où sont les cendres. Les cendres ? Après les crémations. Elle m'a regardée curieusement, et je me suis dit qu'elle devait me prendre pour une tordue qui prenait son pied en regardant des restes humains. J'ai donc expliqué, et c'était difficile. J'ai dû prendre une grande inspiration avant d'expirer qu'une amie à moi était décédée il y a un an mais que la crémation avait eu lieu à Paris et que je ne pouvais pas y aller, et donc que j'aimerais bien voir la pelouse pour.. me recueillir. C'est l'employée qui m'a apporté l'aide dont j'avais besoin pour finir ma phrase, de façon inattendue.  Elle m'a montré un plan et elle m'a surligné en jaune fluo le chemin d'ici à là.
J'ai dépassé une seconde fois les enfants de la visite guidée. Je me sentais encore plus lourde et c'est comme si je voulais les semer le plus rapidement possible, parce que leur innocence m'insupportait. Et puis quand je suis enfin arrivée devant le jardin j'ai quasiment trébuché, voilà, c'était là.
Le jardin était entouré d'une basse rangée de buissons. J'avais trouvé ça étrange puisqu'un éparpillement des cendres est quand même un moment extrêmement fort, troublant et personnel, et ce jardin se trouvait ouvert au reste du cimetière. Il y avait des rangées de rosiers de plusieurs couleurs, avec un chemin dallé traversant l'ensemble et formant un cercle au centre de la pelouse : au milieu de ce cercle il y avait un arrangement de rosiers et c'est là que j'ai aperçu le premier ensemble de cendres grises. On aurait presque dit du gravier. J'ai pleuré, encore et encore. Voir ces tas de cendres m'a libérée, pouvoir les regarder et comprendre enfin; à l'inverse du regard impossible que j'avais eu pendant la veillée. 

J'avais remarqué une jeune fille assise sur un banc de pierre en dehors du jardin.
Elle m'a regardé pleurer. 

Lorsque je me suis sentie prête je suis sortie et j'ai marché, je me suis retrouvée alors dans un second jardin, voisin du premier, aux roses beaucoup plus épanouies mais sans cendres visibles, et dont les buissons l'entourant formaient de véritables cloisons: je me suis sentie étrange, car j'aurais pu pleurer là à l'abri des regards. Mais je savais bien que j'avais besoin de voir les cendres. Dans ce second jardin j'ai senti une rose et   son parfum m'a remplie complètement. 
Quand je suis sortie, je marchais sans hâte, j'ai été réchauffée par le soleil. Pas très longtemps certes, mais il ne pleuvait plus.