Wednesday, December 5, 2012

Quand on est une femme dans des stockphotos

Une analyse narrative de l'image des femmes et de l'alimentation dans les stock photos


"Quand on est une femme, on peut manger de la salade: c'est une activité qui met en joie!"






Plus précisément : on peut se tenir debout, avec un bol de salade fraiche (fruits ou légumes, sans sauce), souriante, et approcher un morceau de nourriture de sa bouche grâce à une fourchette. Mais attention à ne pas introduire le morceau dans la bouche, et à ne pas avoir l'air trop affamée (ne pas trop ouvrir la bouche, ne pas regarder l'aliment, rester concentrée sur un élément extérieur à la scène, le plus souvent l'objectif de l'appareil).

Mamies, vous aussi !


Si vous êtes enceinte, préférez les fruits:

Il est communément admis que les femmes enceintes ont des envies irrationnelles de plats peu caloriques, qui vont de paire avec leurs besoins nutritionnels.

Si vous cédez à la tentation et mangez de la junkfood, ayez l'air honteuse, mangez salement et/ou dans un endroit sombre.


Ou alors, si vous êtes grosse, vous pouvez être complètement absorbée par votre bouffe et la regarder dans les yeux.



 Pour éviter ces situations vous pouvez également humer la nourriture tentatrice, les yeux fermés, perdue dans cette odeur délicate, pleine de sensualité.




Pour pouvoir manger (introduire la nourriture, autre que de la salade, dans la bouche) les conditions sont : sensualité voire érotisme (je mange mais pour exciter) ; tenue et attitude sportive (je mange mais j'élimine simultanément) ou alors ingestion minuscule (je mange mais pas vraiment).







En conclusion, mesdames : mangez mais n'en tirez pas de plaisir, soyez belles et passives, surtout sensuelles.

Sunday, November 6, 2011

Procrastineuse professionnelle.

Ceci va être un article personnel.

Je me sens un peu perdue en ce moment. Comme depuis l'obtention de mon bac d'ailleurs, je patauge dans le : "Qu'est-ce-que je vais FAIRE de ma vie?".
Pourtant j'entame ma 3eme année d'études consécutive : ça y est, ça avance enfin. Parce que ceux qui ont, comme moi eu leur bac en 2007 et qui, contrairement à moi, n'ont pas changé d'orientation, sont en train de finir leur master.
J'ai été remplie d'une joie nouvelle pendant ma rentrée de cette année. Enfin je fait partie des grands. Enfin, c'est du sérieux.

Mais... maintenant je me demande: Qu'est-ce-que. Je vais. Faire. Avec un diplôme. D'une école d'art.

J'expliquerai dans un futur article ce qu'on nous apprend en école d'art, là mon cerveau rame un peu, parce que je l'ai ramolli tout l'aprem devant mon écran.

En ce moment (et l'année dernière aussi je crois) j'arrive à me fourrer dans un cercle vicieux qui fait que je n'arrive à RIEN, c'est un cercle vicieux de culpabilité et de perte de temps (et vice-versa).

J'ai du travail à faire > je ne suis pas sûre de moi, de mes études, ça me plait mais au final ça ne sert à rien et ça reste dans le milieu fermé de l'école et de l'art > je vais sur internet pour faire autre chose et ne penser à rien > je ne fais rien de productif  et je perds du temps, plus je perds de temps moins j'ai de courage pour commencer à travailler > je geeke encore plus sur internet pour éviter de ressentir ma culpabilité > j'ai du travail à faire que je n'ai pas fait > case départ.

Ou bien, sur un autre ton (ce qui m'est arrivé aujourd'hui, après le départ de mes parents qui étaient venus me rendre visite je me suis retrouvée embourbée dans une tristesse infantile):
Je suis triste > je ne veux pas me sentir triste, je ne veux pas y penser > je vais figer le temps et me transporter ailleurs > je me colle devant l'écran > je culpabilise car je pourrais être productive mais je reste devant l'écran > (répéter les 2 dernières étapes).

Voilà. Je vais bien devoir grandir un jour et faire face à ce qui me fait du mal. 
Mais il est 22h13 et c'est trop tard pour ce soir.

Sunday, September 18, 2011

Câlins gratuits

Je sais pas trop pourquoi mais récemment je me suis remise à penser au mouvement des câlins gratuits.

Petit rappel : tout a commencé en 2004 avec un homme appelé Juan Mann, qui après un câlin spontané d'un inconnu à un soirée, a voulu lui-même donner des câlins spontanés à des inconnus dans la rue. Il s'est fait une pancarte avec inscrit : "Free Hugs" dessus, et s'est lancé à Sydney. Bon voilà, après il y a eu une couverture sur Youtube parce qu'il connaissait le chanteur du groupe Sick Puppies qui a intégré des vidéos des câlins gratuits dans un de ses clips
Puis ça s'est répandu un peu partout dans le monde.


J'en ai fait pas mal autour de mes 17-18 ans, en 2007-2008 donc. (Fiou, le coup de vieux déjà). Il y avait un forum sur internet facile à trouver, où les free huggeurs pouvaient proposer des heures et lieux de rendez-vous, et ils s'y retrouvaient ensuite tous avec des pancartes pour se balader dans la rue et distribuer des câlins le temps d'un après midi. J'y ai traîné un ami à moi parce que j'étais trop timide pour y aller seule, et au final on était tous les deux accro.
Le premier était entre le Trocadéro et la Tour Eiffel, à Paris. Beaucoup de touristes donc, et de gens non parisiens qui connaissaient les Free Hugs depuis internet ou leurs propres expériences. Je ne me souviens pas du premier câlin, mais j'avais adoré l'après midi, et j'en avais fait beaucoup, beaucoup d'autres. Je m'étais fait beaucoup d'amis dans le groupe de huggeurs, et on m'avait surnommée "Super Câlin", parce que même si j'étais timide dans la vie en général, quand je serrais quelqu'un dans mes bras, j'y allais complètement.
C'est ce qui me plaisait, je crois : lors des "bons" câlins (car il y avait des bons et des mauvais, j'y reviendrai ensuite), la personne câlinée s'abandonnait et acceptait de recevoir cette chaleur humaine que j'essayais de donner. Un bon huggeur disait en quelque sorte : "Je suis là.". Peu importe qu'on ne se connaisse pas, quelqu'un est là. 


Rapidement, les différents types de câlins : les bons câlins, c'était les gens qui serraient fort, qui acceptaient de se laisser aller et de partager cette embrassade. Il y avaient ceux qui étaient heureux, qui transmettaient leur joie, ceux qui pensaient que les huggeurs étaient eux-même en manque de câlins et qui donnaient donc des câlins réconfortants, et pour moi les meilleurs, ceux qui me faisaient me sentir bien pendant des jours: une personne qui venaient nous voir, qui venait prendre un câlin que nous donnions avec joie; un câlin qui durait, qui durait autant que la personne en avait besoin, et quand elle repartait elle avait le sourire aux lèvres et parfois elle disait merci.
Puis les mauvais câlins : les groupes de jeunes qui se poussent mutuellement en rigolant pour voir qui oserait aller câliner un des huggeurs; les câlins du bout des doigts; les câlins intéressés (bon sang, qu'est ce qu'il y en avait) dès qu'un ou une huggeur/huggeuse était un peu canon. 


Biensûr, tout le monde n'apprécie pas le contact physique et tout le monde n'a pas forcément envie de se faire prendre dans les bras par un inconnu; et l'idée c'était quand même que nous proposions nos bras pour ceux qui les voulaient, ceux qui n'aimaient pas n'avaient pas besoin de se forcer.
Je voyais ça comme un don, un présent gratuit qui pouvait illuminer la journée de quelqu'un.
Et ça me faisait me sentir bien aussi. 
Je me souviens encore de certains câlins précis: celui avec le huggeur qui est ensuite devenu mon meilleur ami, lui et ses cheveux tellement touffus; celui avec une maman dans les jardins du Champs de Mars, qui m'a embrassée comme sa propre fille; celui à cet homme qui a duré longtemps et qui est reparti en me disait merci; celui de ma camarade huggeuse en fauteuil roulant, qui a accepté ce câlin qui durait et dont j'avais besoin, et qui m'a fait tellement de bien. J'espère avoir aussi donné des câlins dont on se souvient.


Mais j'ai arrêté. J'ai été subrepticement de plus en plus agacée par ces gens qui rigolaient, qui nous prenaient pour des fous, qui ne voyaient pas que nous brisions cette distance glacée entre inconnus qui règne dans la vie de tous les jours (et lourdement à Paris), qui ne voyaient pas que ça changeait vraiment quelque chose. Et j'ai été agacée par le groupe de huggeurs aussi. Souvent les 1 ou 2 huggeurs venus pour draguer (et qui n'accostaient que les jolies filles pour leur proposer des câlins), ou bien le groupe qui lui même ne prenait pas les câlins au sérieux et qui donnait une mauvaise image du mouvement.


J'ai grandi aussi; et je grandissais à l'époque où j'ai arrêté. Je ne sais pas si je pourrais recommencer aujourd'hui; je suis beaucoup moins naïve, cependant je pense toujours que ce n'était pas rien, ce qu'on donnait. Est-ce-que c'était une dynamique adolescente?


Il m'arrive encore quelque fois de croiser des huggeurs, et je vais presque systématiquement demander un câlin. Ca me réchauffe encore le coeur quand j'en trouve un qui me donne vraiment quelque chose; mais c'est rarement le cas. Ils ont souvent l'air de juste être en train de rigoler entre amis, et d'être très surpris de voir quelqu'un venir vers eux, plutôt que quelqu'un qui accepte qu'ils viennent vers lui. 


A suivre.

Monday, June 13, 2011

S'approprier un titre

Je lisais un article aujourd'hui en rapport avec la Slutwalk qui a eu lieu récemment à Londres. Déjà, une Slutwalk c'est une manifestation pacifiste pendant laquelle des femmes revendiquent la déculpabilisation des victimes de viol et le droit de s'habiller comme on le veut: que notre corps nous appartient et qu'un viol n'est jamais légitime. 


J'ai lu un article sur cette manifestation et ensuite un contre-article d'une femme qui disait que cette manifestation ne servait à rien, que les hommes allaient simplement en rire et vraiment voir les femmes qui y participent comme des salopes (une des traductions possibles de "slut", aussi : trainée, pute, fille facile). 
Je voulais réfléchir sur l'appropriation de mots: le contre-article s'attardait particulièrement sur l'utilisation du mot "slut" par les manifestantes, et que ce mot allait garder son sens contemporain et médiatisé et n'arriverait pas à devenir une revendication, que cette appropriation était peine perdue, vaine et toujours péjorative. 
Il y a des mots diffamatoires, des insultes qui ont été revendiqués par les personnes visées et qui ont ainsi été l'outil d'une émancipation : "nigger" en anglais, "faggot" aussi, "pédé" et "gouine" en français (on le voit dans l'appellation trans-pédé-gouine en LGBT) pour ne citer que ceux que je connais. J'ai regardé le documentaire Mutantes de Virginie Despentes il n'y a pas longtemps et une femme espagnole qui évolue dans le milieu postporno expliquait qu'elle voulait se réapproprier le mot "pute": 
"Je trouve politiquement très intéressant et contestataire que les femmes se réapproprient les stigmas de la putain. En espagnol, les mots "chienne" et "salope" sont souvent employés dans un sens péjoratif pour désigner les femmes, et surtout les femmes libres. Moi, j'aime me qualifier ou qualifier mes copines de salopes ou de chiennes. Je trouve cet emploi très libérateur. Plus la peine d'argumenter : "Je ne suis pas une pute". Ok, je suis une pute, c'est moi qui décide."
Si c'est moi qui utilise un mot pour me qualifier, c'est moi qui décide comment je l'utilise et ce que je veux qu'il transmette. J'enlève le péjoratif. Je pervertis le mot diffamatoire, j'emmerde ceux qui l'utilisaient pour m'insulter. 


Je pense que c'est important de s'approprier et se réapproprier la langue.


Je me demande jusqu'où cela garde son aspect revendicateur, par contre. Je m'y suis un peu confrontée récemment: je suis ouvertement lesbienne, j'ai des amis homos, et j'emploie un peu à tord et à travers le mot "tapette". Je joue avec mes amis, et puisque je suis homo aussi je suis légitime dans mon utilisation de ce mot. Mais il est carrément passé dans mon vocabulaire courant : "ah, c'est pas un [truc x ou y] de tapette!" pour dire que ce n'est pas pour les gens faibles, qu'il faut avoir l'estomac bien accroché. Je me contredis moi même, cette boutade verbale n'est pas correcte. 
C'est seulement quand l'insulte est revendiquée et détournée qu'elle est acceptable. 
Je peux m'appeler "gouine" et je peux appeler les lesbiennes des gouines parce que je le suis et parce que je sais que j'utilise ce mot en le détournant, que je l'emploie et qu'en faisant ça je dis "je choisis.".
Mais si un homophobe m'entend? S'il me dit : "Sale gouine."? Il n'est pas légitime lui, il n'a pas le droit. Mais il voudra surement pas l'entendre et le problème est seulement là.
S'approprier une insulte est sans doute une arme très puissante mais encore faut-il réussir à l'utiliser correctement. 

Tuesday, May 24, 2011

Vie de meuf

Je suis tombée sur le lien pour ce blog (Vie de meuf) en lisant un article sur DSK (

L'affaire DSK révèle-t-elle le sexisme de la société française ?). Sur VieDeMeuf, on peut lire des témoignages du genre : 


Minimeuf

Ma fille de 9 ans passe la semaine au centre de loisirs qui organise une chasse au trésor.
Trésor des garçons : pistolets à eau ; pour les filles : bulles de savon.
Ce choix a été fait par une organisation et un accompagnement exclusivement féminin
mais apparemment, ma femme et moi sommes les seuls à avoir trouvé cela discriminatoire, sexiste et inéquitable.
Les garçons sont des soldats, les filles des princesses, point ! Vie de mini meuf !
#viedemeuf

Christophe

Venez comme vous êtes

Il y a quelques temps dans un célèbre fast food,
je commande un coca.
Tandis que mon meilleur ami commande un coca light.
Devinez à qui la serveuse a tendu le gobelet de soda allégé?
En tant que femme, je suis forcément au régime, c'est ça ?
#viedemeuf
Violaine

MecanicienNE

Au salon nautique avec mes parents.
Un démonstrateur propose à mon père de lui montrer le "gros moteur" d'un beau bateau.
Il a eu beaucoup de mal à répondre à toutes les questions techniques de ma mère, mécanicienne de marine.
Mon père est moi, on a passé le temps en essayant les coussins et en commentant les rideaux.
#viedemeuf

Anne

Et enfin:

Galanterie.

La semaine dernière, je sors de la station de train à Montparnasse (pour ceux qui connaissent...).
Ayant passé le tourniquet, le type devant moi lâche la porte, se retourne, me jette un gracieux 'oh excusez-moi mademoiselle', rouvre la porte et la tient le temps que je passe... j'aurais été un mec, je me la prenais en pleine face, et bizarrement, j'aurais préféré!
La galanterie n'est-elle pas une forme déguisée de mépris?
#viedemeuf

Clélia

J'ai moi-même pas mal d'expériences qui vont dans ce sens là. Quand j'étais petite, avec les menus enfants dans les restaurants il y avait parfois des jouets, toujours différents pour les filles et pour les garçons: la plupart du temps les jouets pour filles ne m'intéressaient pas donc je demandais à ma mère de demander un jouet pour garçon. Bon; sinon je ne suis pas encore salariée donc je n'ai pas vraiment eu de problèmes au travail, ni à l'école je pense, en y réfléchissant. Mais par mes intérêts, et mes passe-temps j'évolue pas mal dans des milieux d'hommes : je joue de la batterie, l'été je travaille dans des chantiers internationaux de bénévoles. Pour la batterie j'ai souvent eu des regards surpris quand je venais demander une clé pour l'accorder (ouep ça s'accorde une batterie), ou juste quand on voyait que je portais des cymbales. Surtout que dans mon groupe il y avait 3 mecs un peu grands, et moi je suis plutôt petite, le contraste était drôle. La réaction que je produisais n'était pas vraiment négative, plus de la surprise qu'autre chose. Pour les chantiers, c'était différent: il y a le facteur de la force physique qui rentre en jeu. Souvent, le chef de chantier devait diviser le groupe de bénévoles selon les travaux à faire, et il y avait parfois le groupe des garçons où le travail était plus intense, disons, ou juste plus difficile. Et drôlement plus intéressant aussi. Donc je me portais volontaire pour ces travaux là, et peu à peu je me faisais accepter par le chef de chantier qui me prenait un peu sous son aile.
Dans les deux cas, c'est bien en tant que femme dans un milieu d'homme que je me faisais accepter, et (plutôt pour le chantier) en tant que femme avec des capacités qui surpassent l'idée que les hommes s'en faisaient, donc à la base les capacités sont pas faramineuses.
Jpense que pour le moment c'est difficile de se démarquer autrement.
Je trouve que ça va avec le dernier témoignage, celui sur la galanterie: il y a cette idée de femme vulnérable qu'il faut traiter d'une façon particulière. Enfin, peut-être que je me trompe, peut-être que ce n'est pas ça la galanterie. Mais il y a bien l'idée d'un traitement spécial pour les femmes; et puis si on lutte pour une égalité des sexes, il ne peut pas y avoir de traitement spécial, ni pour les hommes, ni pour les femmes. 
Je me sens un peu traîtresse de ce point de vue, parce que ça ne me déplaît pas qu'un homme me tienne la porte, ou autre.
Là j'ai laissé un peu pousser mes cheveux, et c'est l'été donc je porte moins de couches de vêtements et ma poitrine se voit pas mal. En hiver par contre, niveau vêtements ça ne saute pas aux yeux que je suis une femme, et puis si je me fais couper les cheveux c'est la fin: j'ai droit à plein de "Bonjour Monsieur" ou de "Bonjour messieurs dames" quand je me ballade avec des amies ou les femmes de ma famille. Et je vous assure, on ne me traite pas de la même manière. Je n'ai pas eu l'impression d'être plus privilégiée, mais j'ai eu le sentiment qu'on m'appréhendait avec moins de bienveillance.
Parce qu'une femme, c'est inoffensif, non?


Sunday, May 22, 2011

Straight Edge

Je viens de surfer sur des Tumblr, et de liens en liens je suis tombée sur un blog assez beau, mais triste aussi. Je le laisse ouvert dans un onglet même si je ne le regarde pas, parce que j'aime bien la musique du site. Pour qu'on sache de quoi je parle, le voilà. Je le trouve triste parce qu'il me renvoie à un moment de ma vie où j'étais mal, ou à un moment de ma vie ou des gens que j'aimais allaient mal. Des cordes sensibles.
Il parle un peu de drogues, d'addiction, d'obsession de la maigreur, de déprime (plus que de la déprime), d'auto-destruction en général.

Quand j'étais adolescente il y a eu la période où mes amis et moi avons commencé à boire. Puis à fumer. A se trasher quoi, parce que ça nous faisait rire, parce que ça nous désinhibait, parce qu'à une fête il y avait forcément de quoi se désinhiber. C'était pas marrant sinon. Et j'ai fait tellement de conneries, j'ai eu plein de regrets, et je me suis faite vomir avec tout cet alcool, j'ai eu des crises d'angoisses à cause des pétards, j'ai eu des crises de larmes aussi. Parfois c'était très drôle, mais d'autres fois c'était juste mauvais. Puis moi j'ai été mal et une amie à moi était encore plus mal que moi; je me souviens de soirées où mes amis et moi la surveillaient à tour de rôle, parce qu'elle voulait se couper.
Je savais que j'avais un fond triste et que l'alcool/la drogue ça le faisait parfois remonter à la surface, et puis je regrettais après. Et puis même sans être triste ou angoissée, parfois je faisais juste des choses que je regrettais après, comme mes premières fois qui étaient extrêmement alcoolisées. Ça m'a donné envie d'arrêter de boire, et de fumer. J'ai eu des périodes, mais en général j'y revenais, puis j'ai réussi à apprendre à connaître mes limites. Il y avait toujours quelque chose qui me tracassait, une peur de la perte de contrôle de moi-même. J'étais pas super à l'aise quoi.

Puis l'année dernière, mon ancien meilleur ami m'a appelée en pleurs pour m'annoncer que l'amie à moi qui était  encore plus mal que moi pendant l'adolescence était morte. Elle avait passé une soirée super arrosée, puis était rentrée chez elle et avait pris des somnifères pour dormir, parce qu'elle n'était pas bien depuis un moment. Puis du coup, quand elle a vomit dans son sommeil elle ne s'est pas réveillée, et elle s'est étouffée.

Pas joli comme mort. Complètement débile, comme mort. 


Ça m'a faite réfléchir, et ça m'a fait peur. J'ai peur de voir mes proches perdre le contrôle d'eux-même, j'ai peur qu'un accident arrive, j'ai peur que quelqu'un prenne avantage d'eux dans cet état. Je me suis demandée si je voulais pas devenir straight edge : "I don't smoke, Don't drink, Don't fuck, At least I can fucking think" (Minor ThreatOut of Step). Au final non, jpense pas que la solution ce soit dans une radicalité pareille. Je vais continuer à connaître mes limites, mes vulnérabilités, et j'ai pas mal de boulot à faire pour arrêter d'avoir peur pour mes proches.
Je préfère chercher en moi des manières de comprendre les choses, de m'amuser en étant la personne que je connais et dont je suis fière. Jsuis méfiante vis-à-vis des substances qui me changent. J'ai pas envie d'être drôle seulement quand je bois, j'ai pas envie d'être zen seulement grâce à une clope, j'ai envie d'arriver à ça par moi-même. 

Saturday, May 21, 2011

Porter la jupe

L'autre jour j'ai regardé un documentaire Arte sur l'histoire récente de la jupe. Par histoire récente j'entends XIXe jusqu'à aujourd'hui. Comme quoi les féministes s'étaient battues pour avoir le droit de porter le pantalon, et qu'aujourd'hui les féministes se battent pour pouvoir porter la jupe.
Éclaircissements: il y a une loi (La loi du 26 Brumaire an IX de la République, de 1791) qui stipule que les femmes n'ont pas le droit de porter le pantalon, que si une femme veut porter le pantalon, elle doit aller à la préfecture de police et demander une permission de travestissement. Et puis ce permis était délivré pour des raisons de santé, essentiellement. Ce qui est dingue c'est qu'elle existe toujours cette loi. Bref.
Dans le documentaire une femme (importante qui avait surement un nom que j'aurais dû retenir) disait que la jupe  existait pour permettre un accès immédiat et constant au sexe de la femme. 


Il y avait aussi des collégiennes interviewées qui disaient qu'elles ne pouvaient plus porter de jupe parce qu'elles se faisaient insulter de putes, de salopes; les collégiens eux disaient que les filles qui portent des jupes sont provocantes et savent qu'elles excitent les garçons, et qu'en gros, elles en veulent quoi, donc si elles se font violer  faut pas déconner, elles l'ont cherché quand même.


J'ai été un peu horrifiée par tout ça. C'est pas possible. Déjà c'est pas possible que les gamins, la génération future puisse penser comme ça. Il y a deux problèmes. 
Le premier, c'est qu'une femme ne puisse pas exprimer sa féminité sans qu'on pense que cette féminité porte en elle une affirmation de disponibilité sexuelle immédiate. On peut vouloir être jolie sans vouloir coucher, on peut vouloir être jolie pour soi-même, parce qu'on se sent sûre de soi en mettant son corps en valeur; on peut vouloir être jolie pour quelqu'un d'autre aussi, quelqu'un en particulier; puis on peut vouloir être jolie pour les autres. Dans tous les cas, je trouve ça un peu simpliste de penser que puisqu'on se fait belle on n'est une chaudasse avec la fouf en feu. (Julia, comment tu parles?!)(bah comme les collégiens, et pas mal d'hommes en  général)(en fait nan, ce n'est pas ces mots là qui sont utilisés, mais bon)
Le deuxième, c'est que sous réserve de cette idée de disponibilité sexuelle, ce soit normal que n'importe qui puisse en prendre avantage, de façon consentie ou non. Ça appartient à qui un corps, au juste? Et qui peut affirmer qu'il sait mieux ce que pense quelqu'un que la personne elle-même?


C'est un peu compliqué aujourd'hui. Les femmes sont hyper-sexualisées dans les médias, puis ya toutes ces catégories d'images de corps acceptables dans lesquelles il faut rentrer. Parce que d'après les magazines, la télé, les stars, la pub un corps de femme potelé, c'est pas attirant. Je parle même pas des grosses. Des seins asymétriques? Horreur. Des seins trop petits? C'est pas féminin, faut des gros seins pour être une vraie femme. Des dents pas parfaitement alignées? Moche. De la cellulite? Mais elle fait pas de sport, elle prend pas soin d'elle, elle peut pas aller se faire faire un palper-rouler-drainage lymphatique? C'est vraiment dégueulasse. Elle a des poils? C'est sale, c'est pas féminin du tout, elle a pas envie de plaire. Elle est pas épilée intégralement ? C'est super sale, qui voudrait toucher ça? Puis on n'est pas des hommes des cavernes quoi. Elle se maquille pas? Elle fait pas d'efforts. 
C'est pas super étonnant qu'il y ait des tas de femmes pas bien dans leurs corps. C'est vraiment dommage. Une femme sûre d'elle ya rien de plus sexy. Vraiment.
Ma copine et moi on fait l'amour la lumière allumée. J'aime la regarder, elle est sublime. Absolument sublime. Et elle me trouve magnifique aussi. Pourtant je suis pas une fille des magazines. Pourtant j'ai pas les dents alignées, pas les seins de la même taille, jsuis pas fine et j'ai des capitons (mot sale). Puis quand je me tords, bah j'ai des plis. Ouep. J'ai aussi de beaux yeux, une belle poitrine, un joli ventre, un beau visage, de grains de beauté stratégiquement placés, de belles formes, des muscles. Il ne s'agit pas seulement de profiter des points forts, mais d'accepter ce qu'on pense être ses points faibles. Ça m'a pris un moment de comprendre des choses, mais j'y suis, je me sens bien dans mon corps, surtout dans sa nudité. Le style vestimentaire c'est encore autre chose. Je sais que mon poids est stable depuis quelques années, et que je devrais vraiment changer toutes mes habitudes pour modifier mon métabolisme et mon poids. Je n'en ai pas envie. 



J'aimerais bien que ce qui soit promu dans les médias ce soit la véritable diversité de formes existante, et des femmes de toutes formes et de toutes tailles qui aiment leur corps. Pas une image comme maintenant d'un dictat de la silhouette, et de mépriser ce qui s'en éloigne.

J'aimerais bien aussi que ce soit reconnu qu'un corps n'appartient qu'à soi. Qu'on a aucun droit, aucun privilège sur le corps d'autres personnes. Que violer ou profiter du corps de quelqu'un ce n'est jamais justifié.